Soutien à Daniel, de Valence

Publié le par le collectif N.R.V

J'en connais un, par ces fortes chaleurs, qui reste à l'ombre.
Il s'agit de Daniel C..., plaquiste de son état, et demeurant ordinairement à Portes-lès-Valence.
Il a été condamné, le 9 juin de cette année, à un an de prison ferme.
Il venait juste d'accomplir, trois semaines auparavant, une première peine de quatre mois.
C'est un récidiviste, surveillé par la police, traqué par la Justice.
Car ce n'est pas en vain qu'on paye des impôts : c'est pour qu'on nous protège.

Daniel C..., 53 ans, deux enfants, grande gueule, est divorcé depuis quelques années.

Il n'a pas trop de sous (il bosse pour un patron), et donc pas de voiture.

Pour se rendre au boulot, il utilise non pas une mobylette mais une vieille 125.
(C'est bien d'ailleurs ce qu'on lui reproche).


Le plâtre et le ciment, matières poudreuses, possèdent cet avantage : elles améliorent le goût de la bière lorsqu'on revient du boulot.
C'est pourquoi, maintenant qu'il vit seul, Daniel passe tous les jours au bistrot avant de rentrer chez lui.
Il sortait justement d'un tel établissement lorsque le 13 juillet 2007 les gendarmes l'arrêtèrent au premier feu rouge.

Et s'indignèrent qu'on puisse, de façon préméditée, faire étape dans un rade lorsqu'on conduit un véhicule.

Toutefois, comme Daniel tenait debout, que ses papiers étaient en règle, et que sa 125 inspirait la pitié plutôt que la terreur, ils le laissèrent repartir sans le verbaliser.
Mais non sans lui avoir précisé qu'il ne bénéficierait pas deux fois d'une telle mansuétude.


Le 26 août 2007 les gendarmes, au même endroit, retombèrent sur Daniel ressortant du bistrot.
Excédés par tant d'indiscipline,
(et constatant par ailleurs un taux d'alcoolémie supérieur à 0,50g),

ils l'expédièrent en correctionnelle (avec un rapport circonstancié).


Au tribunal, la procureur requit un châtiment exemplaire (compte tenu des circonstances).

Un an de prison ferme (je sais, ça fait beaucoup, mais qui ne tente rien n'a rien).

Le juge, conciliant, trancha pour quatre mois, avec un aménagement de peine.

C'est ainsi que Daniel se retrouva, un peu surpris tout de même, à passer ses week-ends en zonzon.

(Et la semaine à chercher des bus pour se rendre sur les chantiers.)


Il finissait de payer sa dette envers la société (les quatre mois se terminaient le 17 mai 2008), quand arriva le 12 mai, lundi de Pentecôte.
Daniel était à la maison.
Il ne bossait pas ce jour-là.
(De toutes façons, il n'y avait pas de bus).
La prison avait oublié qu'il s'agissait d'un jour férié.
Il savourait son bonheur, lorsque le téléphone sonna.

Son fils le plus jeune, coincé en panne du côté de Loriol, l'appelait à l'aide.
(Car là-bas non plus il n'y avait pas de bus).

Ce n'est pas tous les jours qu'un père séparé peut montrer à son fils toute son affection.

Daniel enfourcha la 125 qu'on lui avait interdit de toucher et partit au secours de sa progéniture.
Trop précipitamment sans doute, puisqu'à un rond-point il mangea la bordure.
Clavicule cassée et cheville en fracture ouverte, il saignait et avait du mal à bouger.
On appela donc les pompiers.

Qui vinrent en compagnie des gendarmes.

Et le 9 juin de cette année, Daniel se retrouva devant le juge, cette fois-ci pour conduite sans permis.

L'infraction ayant été commise alors qu'il purgeait une première peine, on lui colla directement un an de prison ferme.
Sans régime de semi-liberté puisqu'en raison de ses blessures il ne peut pas exercer son métier.

Je m'aperçois qu'en vous donnant les détails de cette affaire, j'ai perdu de vue son ensemble.

Je vous la refais donc en accéléré :

Daniel C..., ouvrier plaquiste, convaincu d'être monté sur un deux-roues après avoir ingurgité une ou deux paires de demis, se tape seize mois (quatre, et douze de rallonge) de prison à Valence.

Voilà.
Et maintenant, une question se pose : de quoi protège-t-on la société en envoyant Daniel en taule?

On ne peut pas dire qu'il mettait en danger la vie d'autrui.
C'est plutôt le contraire qui se passe lorsqu'un cyclomoteur rencontre une bagnole.
(Ainsi qu'on a pu le voir à Villiers-le-Bel lorsque la moto des deux jeunes a croisé la route d'une voiture de police).

On ne peut pas dire non plus qu'il mettait en péril sa propre existence.

Le seul accident survenu dans cette histoire eut lieu sur la route de Loriol, alors qu'il était à jeun, un lundi de Pentecôte.
Les autres fois, aucune faute de conduite n'est signalée : il a été interpellé à l'arrêt.

Ce n'est pas la dangerosité de ses états d'ivresse qui a conduit Daniel en taule.
Mais sa mauvaise volonté à obtempérer.
Elle a fait mauvais effet, en gendarmerie comme en justice.


La Loi, c'est bien normal, déteste qu'on se moque d'elle.

Et principalement lorsqu'on est un misérable en 125 pourrie.

Par contre, s'il s'agit d'un joli scooter (comme par exemple celui de Jean Sarkozy, qui permet de pratiquer sans peine le délit de fuite), le cas est différent.

Juges et policiers redeviennent des êtres humains.
Ils se montrent compréhensifs.
Et tentent de se rendre agréables.

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