Le vote Le Pen

Publié le par LEKLON

Bon, c'est un pavé que j'avais fais pour la fac, mais c'est néanmoins un sujet super intéressant que le vote FN. Je ne prends pas trop de distance critique vis-à-vis de ce qu'elle dit.

 

Nonna Mayer est une chercheuse du CEVIPOF très reconnue. Elle est cette année présidente de l’association française de science politique. Si Nonna Mayer est une spécialiste de la sociologie électorale et des idées telles que l’antisémitisme et le racisme, elle s’intéresse aussi aux mutations du militantisme associatif.  Dans Ces français qui votent Le Pen, elle s’intéresse à la sociologie électorale du vote frontiste. Elle fait appel à toutes les théories qui ont été faites à ce sujet pour dégager la vérité scientifique du vote Le Pen. Il ne faut pas oublier que le vote est une mobilisation comme une autre. Qu’est ce qui pousse des électeurs à donner leurs voix au Front National ? Dans le contexte sociopolitique de ces dernières années, on ne peut ignorer cette question qui pousse à s’interroger sur certains groupes sociaux invisibles dans la sociologie politique. L’édition utilisée ici est celle de 2002, réactualisée suite aux évènements politiques de la présidentielle.

I. La sociologie des électeurs de Le Pen
 
En introduction, Nonna Mayer essaie de définir la nature du vote Le Pen. C’est à la fois un vote « nouvelle droite » de cols blancs, de cadre et un vote « d’extrême droite ». Mais dans les années 90, suite à un changement de stratégie de la part du leader du Front National, la sociologie électorale du FN change : les ouvriers se mettent à voter pour Jean Marie Le Pen lorsque celui-ci ajoute un volet social à son « programme ». Toutefois, on ne saurait parler de gaucho-lepénisme comme le fait Pierre Birbenaum car les ouvriers ne sont plus de gauche. C’est davantage un vote pour le charisme du candidat, un vote viril comme nous le verrons, un exutoire pour les électeurs ni de gauche ni de droite, et un vote d’assentiment à l’extrême droite. Qui plus est, les électeurs du FN restent attachés à la démocratie.
 
Tout d’abord, Nonna Mayer fait appel à des explications psychologisantes du vote Le Pen. Elle établit deux types de typologies.
En premier lieu, une part de l’électorat est politisée, et, quand on lui demande de se placer sur l’échelle gauche droite, se place à l’extrême droite. Ce sont des gens éduqués, qui possèdent le discours d’extrême droite. Mais une grande part de l’électorat se place au milieu. Le sens de cette réponse ne fait pas des électeurs de Le Pen des centristes, les quels sont politisés. AU contraire, c’est par refus de se placer sur l’échelle gauche droite que l’autre appartient à un vaste  « marais » apolitique. Ils ne se reconnaissent pas dans ces distinctions, ne sont pas politisés, ne s’intéressent pas trop à la politique. Ils ne se sentent proche d’aucun parti : Nonna Mayer les appelle les ninistes. S’ils ne se reconnaissent plus dans la gauche, leur représentations vis à vis du libéralisme économique sont pourtant proche de celle que défend encore la gauche aujourd’hui.
Une autre distinction à faire est celle entre les xénophobes, qui sont plus souvent ninistes, et les racistes. Le racisme est une idéologie politique qui renvoie à des théories pseudo-scientifiques justifiant l’idée de race supérieure génétiquement. La xénophobie est de l’ordre de la peur. Les racistes sont les plus politisés des électeurs de Le Pen, les autres trouvent qu’on est plus chez soit en France, mais n’affirment pas que ce qui les dérange chez les immigrés est de l’ordre de l’héridité. Là où les deux groupes se rejoignent c’est au niveau de l’autoritarisme. Pour chacun d’entre eux, l’école doit être le lieu où l’on apprend la discipline et non pas à développer un esprit critique et la peine de mort doit être rétablie. Elle fait appel à la « personnalité autoritaire » décrite par Ardono.
 
Ensuite, l’auteur fait appel aux déterminations socioculturelles et les représentations de l’individu dans l’espace social. Tout d’abord, elle rappelle quelques variables explicatives. La première est l’éducation. On voit nettement sur les statistiques le vote Le Pen augmenter à mesure que le niveau de diplôme se réduit. La barrière est celle du B.P. En dessous, il atteint 30 %, avec un maximum pour les individus n’ayant aucun diplôme. L’Ecole joue un rôle en permettant largement, par sa mixité sociale, de remédier à la xénophobie. Ce rôle est d’autant plus évident dans la socialisation des jeunes vivant dans des villages car les lycées sont toujours plus ou moins en ville. Mais les études supérieures seules permettent d’être confronté au vrai cosmopolitisme. Qui plus est, les représentations du monde inculquées par l’Ecole sont universalistes et elle cherche à apprendre à vivre ensemble par le biais de la tolérance. Les outils intellectuels qu’elle apportent permettent de nuancer les jugements des individus par rapport au monde social. Selon Nonna Mayer, l’école permettrait aux individus de ne plus penser que les politiciens sont « tous pourris », par exemple, mais que « la corruption est une réalité, certes », de ne plus voir le monde en noir et blanc.
D’autre part, le vote Le Pen est quasiment un vote de classe. Attention, la classe ouvrière n’est plus une « classe en soit ». Elle a connu des fragmentations qui l’ont fait exploser. Aujourd’hui, elle s’est mêlée à la catégorie des employés, le travail intérimaire a rompu les liens de sociabilité ouvriers, les bastions industriels communistes ne sont plus et beaucoup d’ouvriers travaillent pour le tertiaire. Néanmoins, le vote Le Pen apparaît majoritairement comme un vote ouvrier. A partir de la fin des années 80, le leader du FN a développé une réthorique populiste qui a connu un grand succès. Aujourd’hui, plus les attaches ouvrières sont importantes dans l’entourage des électeurs, plus la propension à voter Le Pen est importante. Les ouvriers sont passés par une longue période d’abstention et de nouveaux électeurs sont arrivés sur le marché électoral : ils ne se sentent plus de gauche. Le vote Le Pen est le dernier sursaut avant l’abstention. Au-delà d’un positionnement sur l’axe gauche droite, ce qui motive le vote Le Pen, c’est une représentation de la position sociale, vue comme faible et allant en se dégradant. Etrange résultat de la frustration relative : le vote Le Pen. C’est en cela que Nonna Mayer préfère parler d’ouvriero-lepenisme, par opposition au gaucho-lepénisme de Pierre Birbenaum.
En outre, les électeurs du Front National se sentent « seuls au monde », anomisés. Ils n’ont pas confiance dans les institutions, ni dans les élus, ni dans les partis, bien qu’ils soient attachés au système démocratique dans leur majorité. En outre, ce sont ceux qui sentent le moins d’intérêt en commun avec leurs classe d’âge, les habitants de leur région. Il n’est pas étonnant que les jeunes et certaines personnes âgées soient plus sensibles au propos de Le Pen.
Enfin, les femmes résistent mieux que les hommes au vote Le Pen, qui apparaît comme le restaurateur d’une virilité en danger. Elles sont moins sensibles à la figure charismatique que représente Le Pen, plus souvent catholiques. Elles sont surtout rebutées par le caractère sexiste des propos de Le Pen. Toutefois, le vote Le Pen, chez les électrices ayant beaucoup d’attaches ouvrières est assez élevé.
 
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L
le bp c'est le bac pro !
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C
La barriere du BP, c est quoi ?
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L
http://www.dailymotion.com/video/x1noq_prise-de-la-sorbonne
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