Le vote Le Pen deuxième partie : les "idées" de Le Pen

Publié le par Leklon

Il nous reste à nous "intéresser" aux "idées" de Jean Marie. Avec la fin de la crise de la seconde guerre mondiale, la réduction de la vulnérabilité personnelle permet aux individus de pouvoir se concentrer sur leurs envies et leur épanouissement. Ronald Inglehart nomme ce phénomène "post-matérialisme." On assiste à une poussée d'individualisme, un recul du sentiment de classe et l'émancipation des solidarités traditionnelles.
Ce mouvement inclut, en retour, un mouvement contraire, traditionaliste, mettant en avant, l'honneur, la famille, la religion etc… S'y greffe le libéralisme intégral, refusant le rôle de contrôle de l'Etat, exigeant le retour à la loi du marché. Courant que Pierre-André Taguieff nomma le national-libéralisme . Ainsi s'oppose la "nouvelle gauche" interventionniste et libertaire, et la "nouvelle droite", libérale et autoritaire. Dans quelle mesure cette remise en question profite-elle au FN? Ce qui est nommé par "l'esprit de Mai" évoque l'évolution post-68 et exprime le changement des mentalités envers par exemple l'homosexualité, l'Islam, l'école…etc. Un des exemples est ce que l'on nomme les "3 P", la haine du Père, de la Patrie et du Patron. Mais l'ampleur n'est pas aussi importante qu'elle y paraît. Elle perds par ailleurs peu à peu son élan. Le FN y trouve là des opportunité de grappiller quelques adeptes parmi les déçus.
Le désenchantement politique qui apparaît, montre la déception subie par le peuple, qui perd confiance en les acteurs du politique. Sentiment qui s'illustre par l'impression que les politiques ne s'occupent pas des "gens comme nous" et sont corrompus.
Le tournant du néo-libéralisme et l'arrivée des socialistes en 1997 au pouvoir crée une décontraction de ceux ci vis à vis de la concurrence économique, mais en contre coup, convainc diverses personnalités de droite à la nécessité d'avantages sociaux. L'acceptation des reformes Jospin le démontre amplement. L'acceptation de l'affirmation du pouvoir de l'Union Européenne montre aussi le désenclavement de la France, acceptant l'Euro en place de la monnaie nationale. Le sentiment d'appartenance à l'Europe plutôt qu'à la France augmentant, il se passe une réduction de l'identité nationale. Qu'elle en est la position du FN? Le clivage idéologique se réduit au fil des années car les partis de droite classique récupèrent les idéaux "post-matérialistes" Un double espace ce crée, rempli par les conservateurs et les ouvriers, n'étant pas "post-matérialistes", il ne peuvent se retrouver que dans le FN, malgré les tentative de la droite traditionnelle de les récupérer.
Les idées que représente le FN poussent à voter pour lui. Ce n'est pas le chômage qui est l'enjeu le plus spécifiquement souligné par les électeurs du FN mais l'immigration et la sécurité. L'éclatement du clivage gauche/droite, facilité par les prises de positions similaires des partis du centre qu'ils soient de gauche ou de droite et des l'extrêmes sur les questions de l'Europe. Les grandes raisons du vote Le Pen se trouvent principalement dans le refus de l'immigration la volonté d'une identité nationale. Cependant elles sont limités par l'aura et les sentiments que dégagent le parti et son leader.
 
Car la personnalité de Le Pen parvient à mobiliser. L’analyse de Nonna Mayer évoque ici les théories de Tarbe ou Lebon sur les leaders, d’autant plus que l’électorat du FN est populaire. Une aura qui divise ou qui uni se dégage de ce personnage, maintes fois critiqué. Son délégué général Bruno Megret, le considérera plus comme un handicap. En effet, en usant d'un thermomètre de sympathie (0° antipathie, 100°sympathie franche) J.M. Le Pen obtient une note de 24°. Même ses électeurs lui donnent 66° contre 80°en moyenne pour les autres électeurs envers leurs candidats. Il reçoit des voix sans en être la motivation principale. Mais il est indéniable que sa spécialisation sur certains problèmes ainsi que son art de la répartie jouent en sa faveur. Même si ses apparitions ne semblent pas séduire, il laisse toujours une marque de son passage dans l'esprit. Cependant l'ascension de Brunon Megret pose un problème. Radicalement opposé à J.M. Le Pen d'un point de vue mental, non politique, il souhaite changer la donne du parti. L'éclatement de celui ci divise t'il les électeurs? Il s'avère que les deux hommes ont des électeurs différents. Megret réunit les cols blancs par sa modération, l'autre joue la carte habituelle du populisme, jouant de sa stature et de son charisme. De plus il use de cette légitimité que lui offre son charisme et son "prestige" sur les foules, ainsi que de son autre légitimité, celle d'être un baroudeur des premières heures du nationalisme.
 
Au niveau plus organisationnel, tandis qu’on assiste à un éloignement des structures partisanes des masses, la survivance du FN pose de grandes questions. A t'il réussi à fidéliser ses électeurs? Pourtant, lorsque l'on étudie la liste des partis "pour lequel on ne voterais jamais" selon un sondage, on le trouve en première place. La baisse de l'attachement aux partis nous donne un élément de réponse. Influencés par les idées lepenistes, et ne se sentant plus liés à des partis traditionnels, les "sans partis" offrent ponctuellement leurs voix au FN. Peu à peu émerge une "marque FN" avec tout ses symboles. Ce parti devient peu à peu un point de repère qui frappe les esprits et un des partis les plus cités spontanément. Mais là où le FN gagne réellement, c'est par le fait qu'au contraire des autres partis, ce n'est pas par proximité partisane que l'on vote pour lui, mais plus par l'effet Le Pen. C’est un vote protestataire en grande partie.
 
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C
hello trés trés intéressant tout ça <br />  
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