Les Black Blocks

Publié le par Enver Hoxha

Black Bloc : Présentation et analyse par un militant

Cela fait désormais quelques temps qu’on entend parler des Black Blocks, souvent dénigrés et réduit à des violences gratuites par les médias, ou au contraire encouragés par certains milieux alternatifs. Sans que grand monde sache réellement de quoi il découle. Cela fait désormais quelques mois qu’on entend parler des Black Blocks, principalement dans les milieux d’extrême-gauche. Cependant, que ce soit du côté des militant-e-s anticapitalistes comme dans le reste du monde, les Black Blocks effraient et fascinent, déchaînent bien souvent des haines assez farouches ou au contraire des tonnerres d’applaudissements, sans que grand monde sache forcément de quoi il retourne réellement. L’aura de mystère qui entoure le phénomène contribue à en faire une légende et à alimenter bien des fantasmes quant à son existence, sa raison d’être, les motifs comme la nature de ses actions. Parce que le sujet vaut mieux que les approximations douteuses auquel il est souvent résumé, et que l’actualité nous donne de plus en plus d’occasions d’en entendre parler et donc de nous en préoccuper, ce texte a pour but d’expliquer de manière synthétique (mais cependant non exhaustive) les qui ?, quoi ?, pourquoi ?, comment ? concernant les Black Blocks, et de proposer une analyse positive (ne le cachons pas !) de l’intérêt politique qu’il représente, de manière, peut-être, à susciter des réactions et débats à ce sujet !

Les Black Blocks, c’est quoi ?

Un Black Block, c’est un ensemble d’individus ou de groupes affinitaires, qui se regroupe de manière spontanée ou organisée à un moment donné, à l’occasion de manifestations ou actions politiques.
Ce n’est ni une organisation ni un réseau centralisé d’une quelconque manière. On ne peut donc pas vraiment parler "du" Black Block, mais "d’un" Black Block parmi d’autres, la composition de ces groupes changeant et fluctuant au gré de leurs apparitions. Ce qui caractérise un Black Block, c’est d’abord le fait que les individus et groupes le composant se définissent majoritairement comme anarchistes et proposent une perspective libertaire sur le(s) thème(s) de la manifestation ou action en question. Ce qui rend cependant le Black Block "visible" et singulier, c’est le fait que ses participant-e-s sont généralement vêtu-e-s de noir et portent un masque, un foulard ou une cagoule. Rassemblé-e-s, ces différentes personnes forment ainsi un bloc noir. Désignés comme tels, les Black Blocks sont apparus aux États-Unis dans le cadre des manifs contre la guerre du Golfe en 1991. C’est plus précisément le 30 novembre 1999 à Seattle, lors des actions de résistance au congrès de l’OMC, que des Black Blocks se sont particulièrement illustrés, et ont largement attiré l’attention des médias comme d’une partie des manifestant-e-s. Cependant, le Black Block n’est pas un phénomène nouveau. Il est directement inspiré des mouvements d’ultra-gauche européens, comme le mouvement autonome allemand des années 1980, dont les acteurs et actrices s’habillaient en noir, étaient masqué-e-s, combattaient la police dans la rue et proposaient une critique et une pratique radicales, en rupture avec les modes de protestation traditionnels. Par ailleurs, le Black Block n’est pas "le" mouvement anarchiste, qui existe sous de multiples autres formes très diversifiées. Le Black Block n’en est qu’une des formes ; c’est un mode d’organisation et d’action parmi d’autres.

Un Black Bloc, pourquoi ?

Il existe tout un tas de raisons pour lesquelles des anarchistes constituent des Black Blocs lors des manifs. En voici quelques-unes :
- La visibilité : se regrouper de la sorte permet de montrer en quoi l’anarchisme représente une force politique importante, souvent ignorée et méconnue. C’est l’occasion de promouvoir des perspectives anarchistes sur les problèmes politiques soulevés lors des manifs/actions.
- Les possibilités : évoluer en groupes permet de réaliser des actions parfois illégales et qu’il serait dangereux de faire de manière isolée. De plus, l’anonymat du Black Block rend plus difficiles les arrestations. Certains types d’actions pratiqués (destruction de la propriété privée, etc.) peuvent également ouvrir des perspectives de radicalisation politique (voir plus bas).

Black Blocks : où, quand, comment ?

Les premières manifestations significatives de Black Blocs organisées autour de buts précis eurent lieu à Seattle, fin-novembre/début-décembre 1999, à l’occasion du Congrès de l’OMC. D’énormes manifestations et actions eurent lieu, rassemblant une large palette de groupes, collectifs et revendications politiques, allant du contrôle citoyen de l’OMC (par les partisan-ne-s d’un "capitalisme à visage humain") à la destruction des structures oppressives de l’OMC comme du pouvoir en général (par les partisan-ne-s d’une révolution totale de la société). Cette dernière tendance était animée par les anarchistes, qui, très nombreux-ses, se sont impliqué-e-s dans un vaste éventail d’activités (médias alternatifs, action directe non-violente, manif festive, ouverture d’un squat, etc.). Les manifestations et actions furent cependant vite caractérisées par une répression policière incroyable. Environ 200 personnes constituant des Black Blocks ont entrepris de s’attaquer à la propriété privée des multinationales jonchant le parcours de la manif. Des vitrines de banques, de magasins Nike, de cafés et commerces bourgeois furent brisées, et certains magasins pillés, causant environ 7 millions de dollars de dommages aux multinationales en question. Des slogans furent également peints sur les murs de la ville, et le mobilier urbain (poubelles, panneaux...) fut transformé tantôt en outil de destruction de vitrine, tantôt en barricade ou encore en feu de joie selon le cas. Pendant plusieurs heures, certaines parties de la ville furent ainsi libérées des présences agressives de la police comme des multinationales et constituèrent des Zones Autonomes Temporaires. Les critiques ne manquèrent pas, et le "débat" sur les Black Blocks commença... Les 16 & 17 avril 2000, à Washington, se tenait une réunion du FMI et de la Banque Mondiale. Une mobilisation également très forte eut lieu, rassemblant toutes les composantes de l’opposition à la mondialisation et/ou au capitalisme. Un Black Block (Revolutionary Anti-Capitalist Block B RACB) d’environ 1.000 personnes y fut très présent, optant cependant pour une tactique résolument différente de celle mise en pratique à Seattle. Le Black Block concentra tous ses efforts sur la police, parvenant à faire reculer les lignes de police à plusieurs reprises, à forcer les barrages policiers, à libérer des personnes arrêtées, à entraîner la police au-delà de son propre périmètre pour l’affaiblir, à défendre les militant-e-s pratiquant la désobéissance civile contre les agressions policières et à leur permettre d’aller plus loin. À cette occasion, le Black Block fut manifestement une force incroyable qui permit à l’ensemble de la manifestation d’aller de l’avant. Des Black Blocks étaient également présents lors des conventions républicaine et démocrate, bien que leur action y ait été moins importante qu’à Seattle ou Washington. À l’occasion de la Convention du Parti Républicain à Philadelphie les 1 & 2 août 2000, le Black Block (Anti-Statist Black Bloc B ASBB) prit activement part aux manifestations et publia ensuite un communiqué explicitant leurs attaques contre la propriété privée et le matériel de la police commises pendant les manifestations. À noter qu’un Clown Bloc fut également de la partie, parodiant le monde politique institutionnel à travers une pratique subversive du théâtre de rue, réprimée par la police. Du 14 au 17 août 2000, la Convention du Parti Démocrate à Los Angeles fut également le siège de manifs et actions diverses. La police dispersa violemment un concert en plein air de Rage Against The Machine à côté du centre ou avait lieu la convention. Des membres du Black Bloc furent tout particulièrement victimes de la brutalité policière (l’un d’eux fut bombardé de balles en caoutchouc et de gaz au poivre alors qu’il agitait un drapeau noir au dessus d’un grillage), et répondirent en repoussant les flics à coups de projectiles divers.

la suite ici : http://www.entremonde.net/article.php3?id_article=14

QUAND LE GOUVERNEMENT VIOLE LES DROITS DU PEUPLE, L'INSSURECTION EST, POUR LE PEUPLE, ET POUR CHAQUE PORTION DU PEUPLE, LE PLUS SACRE DES DROITS, ET LE PLUS INDISPENSABLE DES DEVOIRS ! (Article 35 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de l'an 1)

 


Une petite vidéo sur les Black Blocks sur font de Metal !
 
 
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Commenter cet article
C
OK avec toi lek, la violence n est qu un moyen , rendu parfois obligatoire face à la violence des etat capitalistes, et peut etre plus qu un moyen, une reponse adaptée
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L
Les moyens nous sont imposés par le système capitaliste, l'Etat.
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L
en même temps, faire cramer quelques trucs, faire reculer les flics... c'est pas grave ! C'est pas comme si les membres de blacks blocks massacraient à tour de bras.
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P
La fin ne peut, effectivement, pas justifier tous les moyens... La solution est dans les moyens pour y arriver.
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L
et puis voilà, la fascination qu'exerce le black block fait oublier que l'action violente n'est qu'un moment dans la vie du militant, et non pas son aboutissement ni sont but. On est pas des hooligans. 
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