Violence et lutte sociale

Publié le par A. Casas

La violence physique et désorganisée de rue ça défoule la jeunesse mais ça ne sert à rien ! Se battre contre des fonctionnaires payés par le contribuable ça fait rigoler les riches, ça ne les empêche pas de continuer leurs petites affaires et ça ne leur coûte rien. Ils y gagnent même puisque leurs médias s’enrichissent en vendant les photos. Et puis ça sert aux discours sécuritaires de leurs hommes politiques. Après Seattle Bush junior a été élu … 

 

 

 

Tuer quelqu’un en fait toujours un martyr pour les gens de sa classe sociale. Les bombes posées par les anarchistes n’ont servi à rien. Action Directe n’a servi à rien. Au XIXième, les anarchistes et socialistes qui ont semés sont ceux qui ont écrit des livres et ont tout fait pour éduquer les personnes qui n’avaient pas accès à un système scolaire . Ce travail de fourmi a permis de faire avancer les idées de mutuelles, services publiques, congés payés etc …Par l’éducation populaire ces idées se sont organisées dans les têtes avant d’être obtenus par les mouvements de masse et/ou le vote. Certes le pouvoir en place est toujours violent, l’administration, les élites, les médias, les lois sont d’abord au service des banquiers, des grandes fortunes et des multinationales … et les classes populaires sont souvent sur la défensive, recourant souvent aux « barricades ». Mais il ne faut pas confondre révolte pour le pain et/ou contre l’oppression et violence réfléchie utilisée au nom d’une cause. 

 

 

 

Les révolutions ne se décrètent pas : elles sont toujours arrivées quand des hommes et des femmes ont vu leurs enfants mourir de faim ou de froid et que le ras-le-bol les a poussé aux armes. Des centaines de jacqueries n’ont pas bouleversé l’ordre établi. Mais quand une vraie révolution se dessine alors certains (toujours issus de la classe dirigeante) en profitent pour essayer d’organiser et de diriger l’élan révolutionnaire. Ces dirigeants ont alors mis en place une violence organisée et massive. La violence organisée de masse présente aussi un inconvénient majeur : imposer ses idées par la force donne de mauvaises habitudes : tous les mouvements violents de masse (révolution française, révolution russe …) ont donné à leurs dirigeants des droits de vie et de morts qui ont plongé le pays dans des décennies de massacres innommables. Je ne parle pas que des guerres civiles, des luttes entre troupes républicaines et monarchistes, ou entre russes rouges et blancs, mais surtout de l’élimination d’une partie du camp révolutionnaire ou des populations civiles. Opter pour la violence organisée donne donc ensuite des réflexes de brutes : les sans-culottes nous ont légué Robespierre et les bolchéviks nous ont légué Staline. Massacrer des innocents est en complète contradiction avec l’objectif du bien de l’humanité. Ces massacres ont rendu les classes sociales plus méfiantes et moins promptes à suivre aveuglément un leader ou un parti, c’est un acquis mais avec l’inconvénient de rendre les luttes sociales actuelles moins efficaces … Une démarche démocratique est le seul garant d’un mouvement de masse réussi : confier la révolution à une élite, à un parti unique, à une bureaucratie qui s’installe ou à un chef a toujours été déshabiller Jean pour habiller Paul. C’est rester dans le monde violent. Et ça n’a jamais gêné les puissances et les spéculateurs vendeurs d’armes … 

 

 La seule chose qui gêne nos libéraux spéculateurs et rentiers c’est quand on s’attaque à leur porte-monnaie. Là on touche au sacré, Telle est la « violence » suprême. Si les révolutionnaires sont au pouvoir c’est pour instaurer calmement le partage  : augmenter les impôts sur la rente, imposer les bénéfices boursiers, réquisitionner les logements vides, nationaliser les banques, aider les artisans et petits entrepreneurs en barrant la route aux grosses multinationales et en les libérant du joug banquier et institutionnel etc … Si les révolutionnaires sont dans l’opposition ou la résistance, la grève, l’occupation, la désobéissance civile, le fauchage de champs d’OGM, la destruction de la publicité, le recours à des vols symboliques … ce que fait José Bové est violent aux yeux des classes dirigeantes : il viole la propriété privé, il fait perdre les bénéfices escomptées, il devient populaire parce que ce qu’il fait est utile à la cause qu’il veut défendre. Les banlieusards ont brûlé des voitures en pure perte, c’est du défoulement aveugle et parfois meurtrier pour absolument rien. C’est de la mécanique réactive au vide de leur vie, à l’ennui et au désespoir mais ça ne sert à rien à la cause sociale. Il faut choisir entre défoulement et envie de convaincre. Savoir ce que l’on veut construire avant de détruire. Sinon nous ne valons pas plus que les violents d’en face.

 

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